Les Voyages de Caoutchouc

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 03/03/2008

Les Voyages de Caoutchouc

¤ Chapitre 1 ¤

Caoutchouc était aux anges. Comment un Papou du fin fond de l’Amazonie, modeste guide forestier avait-il pu gagner un tel voyage ?
Il s’était rendu à l’aérodrome avec plus d’une heure d’avance tant il était impatient de décoller. Un petit aéronef l’attendait. Caoutchouc brûlait d’impatience dans la cabine, tenant tout ce qu’il possédait sur les genoux. Le calumet de son grand-père et son coutelas en os d’iguane.
Ça y est, l’avion décolle ! Caoutchouc devait prendre à Paris sa correspondance pour Marseille, la ville où un guide l’attendait. D’après Dodo-qui-pleure, le chef du village, c’était une ville magnifique ! Il y était déjà allé ! C’était exactement l’inverse de la petite forêt simple et étriquée dans laquelle les Papous vivaient.
Caoutchouc était toujours dans l’avion, le pilote lui proposa de regarder par la lucarne. Grosse erreur de la part du Papou, il regarda. Lui qui n’avait jamais culminé à plus de 1m50, se retrouver à plus de 500 mètres d’altitude lui fut fatal : il s’évanouit…

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¤ Chapitre 2 ¤

Lorsqu’il se réveilla, Caoutchouc était allongé sur une surface rugueuse, granuleuse, noire et froide. Elle sentait la sève de séquoia. À sa gauche, une petite margelle donnait sur un petit sillon. Il y coulait un ruisseau marron dans lequel la main du Papou engourdi trempait.
Il se releva, le dos endoloris. Il regarda autour de lui. Quelle ville magnifique ! Il devait déjà être arrivé à Paris et, étant encore endormi, on avait du le déposer, fort aimablement, sans le réveiller, au dehors.
Une odeur inconnue flottait aux alentours. Une odeur de… une odeur de brûlé ! Un énorme rhinocéros à la peau mi métal, peint aux couleurs d’un feu, mi matière transparente dont Caoutchouc ignorait totalement le nom lui passa sous le nez avec un bruit très doux. Un bruit ressemblant au son mélodieux d’un troupeau de Nez-tuyau à grandes oreilles à la charge, renversant tous les arbres sur leur passage, avec un fracas de fin du monde. Quelle divine créature venait-il de rencontrer là ? Elle avait également à son postérieur une queue percée qui crachait une fumée noire et âcre. Surement cette divine vapeur nauséabonde dont Dodo-qui-pleure lui avait longtemps parlé… D’après lui ce gaz magique avait l’effrayant pouvoir de faire mouvoir n’importe quel animal de métal… Caoutchouc allait la caresser amicalement mais la créature ne prêta même pas attention à lui et continua sa bruyante avancée.
Quel dommage… Caoutchouc aurait tant aimé toucher cette sublime bête infernale…
Caoutchouc à peine remis de sa déception, une deuxième merveille-de-métal et de fumée magique, encore plus grosse que la première fit son apparition.
Caoutchouc se planta devant lui pour être sûr qu’il ne fuirait pas. L’animal à vapeur émis un bruit magnifique. Il se situait entre le beuglement d’un mangeur-de-boue et le croissement d’un crapaud-cochon qu’on fait rôtir tandis qu’il est encore tout palpitant. Le Papou s’émerveilla de tant de beauté sonore. Dans un crissement strident qui fit immédiatement afficher un sourire béat à Caoutchouc, l’immense bête, crachant de la fumée de tout côté s’arrêta sur le bout du nez du Papou.
L’oreille de la merveille-de-métal l’ouvrit et un homme pâle immense en sortit ! Caoutchouc se précipita vers lui pour le secourir. La bête vaincue, l’homme avait certainement pu s’échapper de son ventre par son oreille et semblait, par sa pâleur, exténué par l’effort. Il lui marmonna quelques mots de français pour le réconforter mais l’inconnu se rua sur Caoutchouc !
« Espèce de sauvage ! Qu’est-ce tu fabriques sur la route ! T’es barjo ou quoi ? Tu veux te faire rouler dessus ! Allez dégage le bitume tu m’gènes pour redémarrer ! »
Caoutchouc ne compris rien aux paroles de l’homme tout blanc mais il perçut quand même qu’il était très en colère… Peut-être que… Mais oui c’était ça ! l’homme devait croire que c’était lui qui contrôlait la merveilleuse bête encore fumante !
Caoutchouc essaya de lui expliquer qu’il faisait fausse route mais en vain. C’était un gentil, un très gentil monsieur car il sentit que la sublime bête allait repartir car il attrapa Caoutchouc et le jeta sur le rebord de la marche au dessus du petit ruisseau. Enfin, pour ne pas être mâcher de nouveau, le gentil homme se précipita dans l’oreille de la merveille-de-métal juste à tant car elle redémarra dans l’instant qui suivit et partit en trombe dans un panache de fumée… Ah ! Quel gentil monsieur ! Il avait, de son sacrifice, épargné la vie de Caoutchouc !